La capture aux filets est-elle sans danger

[maloute45]

Source :

E. N. Spotswood, K. Roesch Goodman, J. Carlisle, R. L. Cormier, D. L. Humple, J. Rousseau,
S. L. Guers, G. G. Barton (2011).
"How safe is mist netting? Evaluating the risk of injury and mortality to birds", Methods in
Ecology and Evolution, Wiley-Blackwell, Juin

Communauté des Bagueurs :

La Capture aux filets est-elle sans danger pour les oiseaux

Capturer des oiseaux avec des filets constitue une méthode classique pour étudier leur
comportement, leurs mouvements ou leur démographie, mais jusqu'à présent, aucune étude
à grande échelle à propos des risques encourus par les oiseaux n'avait été menée.


L'oiseau à baguer est capturé au filet.

Des chercheurs californiens ont publié très récemment dans la revue Methods in Ecology and
Evolution, éditée par la British Ecological Society, des résultats intéressants.
Cette étude, dirigée par Erica Spotswood de l'Université de Californie à Berkeley, a traité des
données issues d'organismes de baguage des États-Unis et du Canada afin de déterminer les
paramètres pouvant augmenter les risques de blessures ou de mortalité comme la taille de
l'oiseau, son âge, la fréquence des captures et le rôle des prédateurs.
Les résultats ont révélé qu'ils étaient rarement blessés ou tués par les filets.
Sur 620 997 données de captures compilées, le pourcentage de blessés s'élevait à 0,59%, et
le taux de mortalité n'était que de 0,23%.

Les auteurs ont également analysé les facteurs pouvant augmenter les probabilités
d'incidents.
Erica Spotswood avait en effet constaté le manque de recherches sur le sujet alors qu'elle
étudiait le Ptilope de la Société (Ptilinopus purpuratus) en Polynésie française : les
fonctionnaires territoriaux lui avaient en effet refusé un permis de capture et lui avaient
demandé si les filets pouvaient blesser les oiseaux.


Il est ensuite bagué et ainsi identifié.

Elle a ainsi réalisé que personne n'avait mesuré de manière approfondie la fréquence des
blessures au cours des captures au filet.
Elle explique : "J'ai été très surprise de constater qu'aucune étude de ce genre n'existait,
cette méthode étant en oeuvre depuis les années 1950 et largement répandue.
Aux États-Unis, au moins un million d'oiseaux sont capturés chaque année par plusieurs
centaines de stations de baguage".

Les auteurs ont compilé 345 000 données de captures sur 20 années et concernant 188
espèces provenant de 22 organismes de baguage des États-Unis et du Canada.
Erica explique que grâce à cette masse d'informations, il a été possible non seulement
d'estimer la fréquence des blessures, mais aussi les espèces les plus exposées et les types
d'incidents les plus communs.


On détermine ensuite son âge, son sexe, sa condition physique, puis on réalise une série de
mesures incluant des mesures de longueur (totale, aile, queue, bec, plumes primaires, etc...)
et de poids.


L'équipe a aussi vérifié si les recaptures influençaient les probabilités d'incidents : ils ont noté
contre toute attente que les oiseaux capturés à plusieurs reprises étaient moins sujets aux
blessures que les autres.
Les ornithologues pensent que c'est parce qu'il s'agit souvent d'adultes qui ont un territoire
et qui sont donc en meilleur état.
Enfin, les chercheurs ont constaté que les oiseaux capturés et blessés étaient autant
susceptibles d'être repris dans les filets que les autres, ce qui signifie qu'ils survivent dans
des proportions similaires à celles des individus indemnes et que l'impact à long terme des
captures par filet est minime.


Finalement, l'oiseau est relâché et les données récoltés sont envoyées à l'organisme qui
s'occupe du baguage des oiseaux au niveau national.

Erica ajoute : "de nombreuses recherches impliquent que des animaux soient capturés afin
d'étudier leurs populations, leur démographie, leur comportement ou leurs mouvements,
mais le processus peut être stressant.
Pour des raisons d'éthique, il est important de tout faire pour que les inconvénients soient
minimisés.
Notre étude comble une lacune importante en évaluant les risques de l'une des méthodes les
plus couramment utilisés dans la recherche ornithologique.
Nous avons montré que lorsque les bagueurs suivaient les bonnes pratiques, les incidents
sont rares.
Nous espérons que les résultats de cette étude seront largement lus par la communauté des
bagueurs".

[ERICO34]

bonjour ; merci pour ce nouvel article