Reproduction chez le Coq de Roche orange

[maloute45]

L'instinct de reproduction du Coq de Roche orange (Rupicola rupicola)
se réveille vers le début du mois d'avril.


L'après midi tirant sur sa fin et le crépuscule tombant sont les témoins du rassemblement
de vingt à quarante mâles soit dans les arbres soit dans les fourrés ou les rochers se trouvant
près d'un endroit dégarni de toute végétation.
Les oiseaux utilisent cet endroit durant des années pour s'y livrer à leurs danses nuptiales
ou se combattre mutuellement.
Leurs cris d'appels ressemblant aux sons d'**un oliphant peuvent s'entendre à presque mille
mètres à la ronde.


** Un Oliphant (description)
Cliquez sur l'image pour l'agrandir
Tous les mâles de plus d'un an s'arrogent un morceau du théâtre ne dépassant pas le mètre carré.
Ils s'emploient à nettoyer leur "territoire" de toutes les feuilles et brindilles qui peuvent s'y
trouver dans l'intention de pouvoir ensuite s'y livrer librement à leurs parades respectives
faites de pas de danse caractéristiques formant un rituel de cour.

Chaque mâle veille à ce qu'une branche surplombe son podium et il en ôte toutes les feuilles
et brindilles adjacentes.
Il s'y perche ensuite en inclinant la tête vers l'arrière et en bombant le torse en paradant.
Il va et vient entre cette branche et le sol pour attirer l'attention des femelles éventuellement
, alertées par l'animation ambiante.

Alertées donc par le tintamarre, les femelles se rassemblent, au départ en ordre clairsemé
et ensuite en un groupe plus dense, à quelque distance de l'arène communautaire.
Le spectacle commence lorsqu'une ou plusieurs femelles réceptives quittent le groupe pour
s'approcher de ,l'arène.
Les mâles exécutent de concert leur rituel de séduction en étalant leur huppe en deux moitiés,
le bec surplombé disparaissant littéralement à la vue.
Ils hochent la tête pour être certains que leurs mimiques soient bien aperçues par les femelles.
Ils effectuent des rondes incessantes sur leur petit mètre carré personnel en frappant le sol
de leurs pattes et en battant des ailes tout en poussant leurs cris sonores.
La queue légèrement étalée, ils sautillent en étalant a qui mieux mieux leur superbe poitrine
et leur dos orange jusqu'à ressembler à une grosse pelote dont le plumage retombe et se redresse
sans cesse.
Ils leurs arrivent dans l'excitation du moment de dépasser les limites de leur mini podium
et alors gare !
Les échauffourées ne manque pas et elles ne cessent que lorsque l'un des combattants baisse
pavillon et s'enfuit.
Le vol est accompagné d'un son plus ou moins flûté occasionné par l'extrémité de leurs rémiges ouvertes.

Lorsqu'une femelle a fait son choix, il s'agit le plus souvent du plus grand et du meilleur danseur,
elle se glisse dans la minuscule enceinte de celui-ci, cela excitant encore plus les concurrents
malheureux !
L'heureux élu cesse de parader pour prendre une attitude normale ce qui veut dire qu'il est
intéresser par l'idylle (!) qui s'ébauche.
La femelle s'envole alors perpendiculairement et la prise de contact n'a vraiment pas duré
plus de dix secondes.
Le mâle part lui aussi, à la suite de la femelle.
L'accouplement a alors lieu dans le couvert végétal.
Les deux oiseaux reviennent ensuite séparément vers l'arène, le mâle pour reprendre son rituel
dans l'attente d'une nouvelle bonne fortune et la femelle pour se choisir un autre bon partenaire.

La reproduction du Coq de Roche du Pérou (Rupicola peruviana), toutes sous-espèces confondues
a lieu entre la mi-mai et juillet, plus tard donc que chez le Coq de Roche orange.


C'est dû à la situation géographique de l'habitat du Coq péruvien, bien plus haut dans la
Cordillère des Andes et donc plus frisquet pour ne pas dire plus.

Les mâles adultes se rassemblent également tard dans l'après-midi, au crépuscule même
pour y parader de concert dans une arène commune.
Le nombre de mâles est plus réduit que chez le Coq de Roche orange, huit oiseaux au maximum.
L'arène en est d'autant réduite en superficie.
Il n'empêche, il existe plus d'endroits où les communautés se réunissent pour parader, cela
compense la taille réduite de chaque arène.

Ici aussi, une ou deux branches nues surplombes l'endroit où la danse se déroule, elle se trouve
bien à cinq ou sept mètres de haut, bien plus donc que chez le Coq de Roche orange qui se
contente d'une branche pendante ou du sol pour parader.
Autre différence : les mâles du Coq de Roche péruvien ne paradent pas de manière individuelle
mais ils dansent toujours en paires, la tête de l'un dirigée vers la tête de l'autre et en effectuant
les mêmes pas de danse sur le même rythme.
On jurerait un ballet organisé lorsque plusieurs paires de mâles sont entrain de danser en même
temps !
Et fait remarquable les figures effectuées et de rythme de celles-ci sont identiques à celles
du Coq de Roche orange.

Chaque arène est "régie" par un mâle qui se trouve entre les paires de danseurs, il contrôle
non seulement une plus grande surface de terrain mais il est aussi le seul qui puisse s'accoupler
avec les femelles spectatrices.
Les autres mâles, vassaux, ne sont donc que spectateurs passifs et ils peuvent le cas échéant
s'accoupler aux femelles de deuxième rang.
Les mâles âgés d'une ou deux années ne sont pas encore complétement en couleurs et ils
sont réduits à assister aux ébats de leurs aînés en perchant sur les arbres environnants.

Les femelles en condition du Coq de Roche du Pérou se rassemblent elles aussi en groupes
mais ceux-ci ne sont pas aussi importants que ceux du Coq de Roche orange.
Ces groupes se tiennent à quelque distance de l'arène mais les femelles en sortent individuellement
pour s'approcher des mâles.
Le mâle dominant interrompt instantanément son spectacle lorsqu'une femelle se pointe sur
la scène, il va immédiatement se percher sur la branche en surplomb pour y reprendre sa
danse et parader dans toutes les positions possibles et imaginables bien aidé par son superbe
plumage.

Lorsque la représentation est à son goût, la femelle s'approche alors et la copulation a lieu
sans tergiversation aucune.
Les deux oiseaux se quittent alors pour ne plus se revoir, lui retourne sur la scène pour y
assurer sa domination et elle disparaît dans la végétation environnante à la recherche d'un
autre théâtre mettant en scène d'autres mâles.
Elle s'y accouplera au mâle dominant du lieu et ainsi de suite.
Aucun lien affectif ne lie les mâles et femelles de l'espèce.


Les femelles se retirent dans la végétation lorsque la période de copulation est terminée.
Elles vont nicher et élever seules leur progéniture.
Les mâles n'interviennent plus dans la vie de l'espèce, leur unique contribution à la pérennité
de l'espèce ayant été, pour certains d'entre eux, l'apport des gènes.
Ce comportement sexuel n'est pas de la polygamie mais de la promiscuité (tiré du nom latin
"promiscus" signifiant librement "se mélanger sans distinction" ...).

Les femelles des deux espèces de Coq de Roche couvent durant deux périodes différentes
cela est dû (je vous en ai déjà parlé) aux zones distinctes habitées par le Coq de Roche orange
et par le Coq de Roche péruvien.
Les nids sont regroupés en petites colonies fortes de cinq à une dizaine de femelles qui
couvent donc ensemble (chacune ayant son nid).
Ces nids sont toujours situé à la limite des forêts, là ou coule une rivière torrentueuse ou
un plan d'eau.
Chaque nid est construit à une hauteur variant entre deux et neuf mètres, sous ou contre
un pan rocheux en surplomb et si possible près d'une cascade.
Il se trouve dans une fissure de rocher, dans une cavité ou même dans une grotte moussue
et son camouflage est parfait.

Ce nid est fait au moyen de boue ramollie avec de la salive, des radicelles et des tiges tissées
par la femelle.
Il se trouve toujours dans la pénombre, hors d'atteinte directe des rayons du soleil pour qu'il
n'y ait pas dessiccation.
L'intérieur est garni avec de délicates fibres végétales.

La femelle y pond deux œufs blancs parsemés de macules brun foncé, ils ont la taille d'un
œuf de Pigeon .
L'éclosion se fait après vingt-huit jours.
Les jeunes ont un duvet noir brunâtre dru et ils sont nourris par leur mère avec des aliments
riches en protéines (insectes, grenouilles et lézards préalablement tués et qu'ils avalent la
tête la première).
Ils quittent le nid a l'âge de quarante-huit jours et sont indépendants après une autre période
de vingt à trente jours.
A ce moment, leur plumage est brun sale.
La huppe orange ou rouge des jeunes mâles n'apparaît qu'au bout de trois ans.

Les femelles utilisent leurs nids pour s'y reposer en dehors de la reproduction, elles y passent
les moments chauds de la journée.

Il arrive parfois que ces nids soient squattés par la Merganette des torrents (Merganetta armata),
(voir cliché en annexe), un anatidé sud-américain.


Les Coqs de Roche sont interdits à la vente et de détention sauf par dérogation spéciale !