Moeurs du Moineau domestique dans la nature

[maloute45]

Nous sommes fin septembre et la période de reproduction du Moineau domestique
(Passer domesticus) est désormais terminée.
Elle connaît son apogée de fin avril à fin juin.

Les premiers nids sont construits dans la région méridionale de la zone de répartition dès mars,
ailleurs c'est plutôt en avril que cela se passe.
L'espèce est étroitement liée à la présence de l'homme, d'où son nom vernaculaire !
On recense onze sous-espèces.

Par beau temps, les mâles commencent tôt à se préparer un petit territoire en le jalonnant
avec leurs cris d'appels bien connu.
L'espèce est sociable et malgré des algarades lors de la recherche de femelles, on voit rarement
des Moineaux domestiques vivant seul ou en couple isolé.

Cela n'empêche pas que les mâles se montrent sous leurs plus beaux atouts à ce moment de
l'année.
L'espèce est en règle générale monogame les couples restent fidèles tant que les deux membres
survivent.

Monogame mais...les mœurs de l'homme on probablement des effets sur le comportement sexuel
des oiseaux car tout comme chez nous, des entorses à la fidélité ne sont pas exclues !
Une colonie de Moineaux domestiques rassemble en moyenne une dizaine voire une quinzaine
de couple.

Les mâles défendent leurs petits territoires respectifs de quelques mètres carrés autour de
chaque nid avec acharnement et pas seulement contre leurs congénères, d'autres oiseaux
nichant dans les cavités qui tenterais de s'approprier l'anfractuosité sont aussi dans leur
collimateur.
Etourneaux, sansonnets, mésanges et même tourterelles turques n'ont qu'à bien se tenir...

Plusieurs nids sont ainsi, lorsque les circonstances le permettent, voisins sur une très petite
surface parfois.
Les oiseaux qui pour une raison ou l'autre se sont éloignés de la colonie sont plus farouches
que ceux qui vivent en communauté.

Lorsqu'un mâle a trouvé un endroit ad hoc pour la construction d'un nid ou qu'il se décide à
réfectionner un nid existant, il le fait sien tout en émettant de sonores invitations à sa femelle
ou à une célibataire s'il l'est lui aussi.
Lorsqu'une femelle répond a l'appel en s'approchant, il parade et lui fait faire le tour du propriétaire.

Si la chose plaît à la femelle, elle lui fait savoir et il se met alors à parader les ailes pendantes
et en proférant des "tchip tchip" sonores.
Il sautille comiquement, pattes repliées à demi, queue et plumes du corps dressées.
La femelle consentante prend une position tassée tout en tremblant des ailes et en criant
d'une certaine façon pour montrer qu'elle est prête à copuler.

Tout ce tapage n'excite pas que son partenaire mais éveille également l'attention des mâles
célibataires étant sur les lieux.
Des disputes bruyantes ont alors lieu, elles se terminent par des poursuites échevelées qui
je suis certain ont déjà attiré l'attention de maints lecteurs.
L'occasion faisant le larron, il n'est pas rare qu'un mâle en profite et il est tout aussi courant
que beaucoup de nichées comportent des jeunes "naturels" !

Le Moineau domestique n'a pas peur d'étaler sa vie sexuelle sur la place publique et voir copuler
un couple plusieurs fois d'affilée fait partie de notre environnement.
Peu importe le lieu : sur le sol, sur le toit, dans la gouttière, sur une branche, l'inconfort et
une notion inconnue de nos "pierrots" !

Le Moineau domestique est très éclectique dans le choix de l'emplacement de son nid, il est
aussi très opportuniste sur ce plan.
Il utilise souvent les infrastructures que l'homme a laissées volontairement ou non dans ses
constructions.
Il est aussi un habitué des nichoirs artificiels placés par les amis des oiseaux.
En fait, il fait usage de tout ce qui lui semble adéquat et il faut dire qu'il y en a des tas quoique
l'homme moderne laisse peu de possibilités, obnubilé qu'il est par l'isolation de sa demeure.
Il reste malgré tout heureusement bien d'autres occasions.
On a même trouvé des restants de nid de Moineau domestique parmi les branchages faisant
office de nid de Cigogne !
Enfin dans la campagne, les Moineaux domestiques disputent les cavités des troncs d'arbres
(saule têtard souvent) à leurs cousins, les Moineaux friquets.

Parlant de cousinage, c'est un fait que le Moineau domestique est étroitement apparenté aux
Tisserins.
Son nid volumineux rappelle celui de ces derniers.
On peut bien s'en rendre compte dans la partie méridionale de la zone de nidification de l'espèce.
Les Moineaux domestiques construisent leurs nids dans les arbres à belle distance du sol.
Il n'est pas rare de rencontrer des arbres contenant jusqu'à quinze nids construits à la manière
des Tisserins.
La préférence du Moineau domestique semble aller aux palmiers dans les régions chaudes
mais on connaît des colonies nichant dans des villages délaissés et en ruines, dans les berges
escarpées de rivières, squattant les nids de Guêpiers, donc bien loin de toute présence humaine.
La hauteur moyenne à laquelle se trouve un nid de Moineau domestique varie entre un mètre
cinquante à cinquante mètres parfois !

L'édification du nid est assurée par les deux membres du couple.
Il s'agit d'un ensemble volumineux et peu ordonné, de forme souvent oblongue.
Sa taille est dépendante de l'emplacement ou il se trouve, dans une petite cavité il sera petit
mais dans une large anfractuosité il pourra aller jusqu'à la remplir complètement.

Les matériaux utilisés sont disparates mais surtout végétaux, cela va de tiges de graminées
sèches aux restes de papier en passant par des radicelles, du foin, de la charpie de coton, des
fibres d'écorce, de peluches et des mousses végétales mais aussi beaucoup de plumes.
Il semble toutefois que le Moineau domestique rechigne à utiliser des matériaux de couleur
foncée.
Les plumes sont employées pour garnir l'intérieur, il s'agit surtout de plume de Poule (Gallinacés
de basse-cour) c'est normal car ce sont les plus courantes.
La construction du nid débute toujours par l'intérieur.


Une ponte de Moineau domestique comprend généralement entre trois et six œufs de couleur
variable, le plus souvent bleuâtre et ils sont marqués de manière irrégulière de macules grisâtres
à sang caillé.
Ces taches se concentrent comme souvent sur la partie obtuse des œufs, leur poids moyen
avoisine les 2,5 grammes mais cela peut aller jusqu'à 3,3 grammes.

L'incubation dure douze à quatorze jours selon les circonstances et elle est assurée par les
deux partenaires à tour de rôle.
La femelle reste maîtresse du nid et le mâle doit le plus souvent passer la nuit hors du nid.

Bien que les Moineaux domestiques soient des granivores, leur progéniture est élevée exclusivement
avec des protéines vivantes.
Au tout début de leur vie, les jeunes reçoivent des larves et des insectes finement hachés
et stockés par les parents dans leur jabot.
Un peu plus tard, les proies sont distribuées telles quelles et ne transitent plus par le jabot
de la mère et du père.
Enfin, dans un stade ultime les jeunes oiseaux passent au régime végétal en se mettant ainsi
au diapason de leurs parents.

Oisillon très jeune de Moineau domestique (Passer domesticus).
Notez (1) l'absence de duvet et (2) les commissures jaune pâle.

Les commissures du bec des jeunes à peine envolés du nid sont jaunes et tous sont identiques
ils ressemblent à la femelle.
Ils sont surtout nourris par leurs pères respectifs, car les femelles se sont déjà remises à une
nouvelle ponte.
Ils sont pourtant très vite laissés à leur sort et tous les jeunes se regroupent pour aller visiter
les champs de céréales moissonnés à la recherche de nourriture.

La mue juvénile a lieu en quelques mois et les jeunes changent alors plus de la moitié de leurs plumes !
Les jeunes tardifs de la dernière ponte de l'année ne muent qu'à l'approche de l'été suivant.
C'est la raison pour laquelle en automne les importants vols de Moineaux domestiques sont
formés d'oiseaux aux plumages hétéroclites car ces groupes sont faits d'oiseaux d'âges différents.

[DESPI]

Merci Léon pour ce bel article. Malheureusement à Bruxelles, notre petit moineau s'y fait de plus en plus rare. Fini le temps où ils venaient mendier un bout de pain ou une cacahuète aux terrasses des cafés. Ils ont fait place aux pigeons .
où j'en vois le plus c'est sur les aires de repos des autoroutes!
L'urbanisation excessive limite les possibilités de nichage.