La "Conquête de l’Ouest" de la Bergeronnette citrine

[fethi d'alger]

L’observation en juin 2014 d’un mâle chanteur de Bergeronnette citrine dans l’estuaire de la Loire s’inscrit dans le contexte de l’expansion de l’espèce en Europe.
source:Ornithomedia
La Bergeronnette citrine (Motacilla citreola) est un oiseau surtout asiatique, dont l'aire de reproduction s'étend principalement de la Russie à la Mongolie et à l'Himalaya. Au cours du 20ème siècle, elle a graduellement étendu sa répartition vers l'Ouest et le Sud-ouest, et de petites populations sont désormais établies en Finlande, dans les pays baltes et en Pologne. Des cas de nidification isolés ont été notés jusqu'en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suisse et même en France : en 2010, un couple mixte Bergeronnette citrine x Bergeronnette printanière s'est reproduit avec succès dans l'Aube.
Un mâle a été signalé le 13 juin 2014 dans les prairies humides de la réserve de l'île de Pierre Rouge à Lavau-sur-Loire, dans l'estuaire de la Loire (Loire-Atlantique) : il est cantonné, chante et parade comme s'il défendait un territoire...
Après une présentation de la taxonomie de cette espèce, nous reviendrons sur cette observation très intéressante et nous verrons en quoi elle s'inscrit dans le cadre plus vaste de l'expansion de la Bergeronnette citrine en Europe.
Nous remercions Alexandre Van der Yeught, Mathieu Nony, Hugo Touzé et Yves Massin pour leurs photos.
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Bergeronnette citrine (Motacilla citreola) mâle de deuxième année, réserve de l'île de Pierre Rouge (Loire-Atlantique), le 14 juin 2014.
Photographie : Alexandre Van der Yeught
Présentation de la Bergeronnette citrine

La Bergeronnette citrine est un représentant typique du genre Motacilla, ressemblant à la Bergeronnette printanière (Motacilla flava) (lire Les mâles en plumage nuptial des sous-espèces de la Bergeronnette printanière), mais avec une queue un peu plus longue. Le mâle adulte en plumage nuptial est gris ou noir dessus, avec une double barre alaire blanche (un critère important d'identification). La tête et le dessous sont jaune vif, excepté la nuque noire. En période internuptiale, le dessous jaune devient blanc-jaunâtre, et la tête devient gris-brunâtre avec un sourcil jaunâtre. La femelle ressemble au mâle en plumage d'hiver, mais son plumage est plus "délavé". Le juvénile de premier hiver n'a pas de jaune (exceptée une très légère nuance sur la poitrine). Les oiseaux de seconde année (premier été) présentent un mélange des plumages de premier hiver et adulte. Les sous-caudales sont blanchâtres (jaunes chez la Bergeronnette printanière) dans tous les cas (sauf pour la sous-espèce M. c. calcarata).
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Bergeronnette citrine (Motacilla citreola) mâle adulte en plumage nuptial, Mścichy (Pologne), mai 2012.
Photographie : Franck Vassen / Wikimedia Commons
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Bergeronnette citrine (Motacilla citreola) mâle de deuxième année, réserve de l'île de Pierre Rouge (Loire-Atlantique), le 16/06/2014. Notez (1) les flancs grisâtres, (2) les deux larges barres alaires blanches, (3) le dos gris sombre, les grandes couvertures (4) et les secondaires (5) usées et teintées de brun (reste de plumage de premier hiver) (cliquez sur la photo pour l'agrandir).
Photographie : Hugo Touzé
Taxonomie
La Bergeronnette citrine niche de l'Europe centrale à la Mongolie et à l'Himalaya en passant par l'Asie centrale. Elle hiverne principalement dans le sous-continent indien et en Asie du Sud-est.
Trois sous-espèces sont généralement reconnues :

M. c. citreola : dans la toundra et la taïga, du nord de la Russie d'Europe à la Sibérie centrale, en Asie centrale à l'est de Tomsk, Kuznetskiy Alatau, monts Saian, lac Baïkal et jusqu'à la Mongolie
M. c. werae : plaines steppiques de l'Ukraine et du sud de la Russie à Tomsk et au piémont des monts Altaï
M. c. calcarata : montagnes d'Iran et d'Afghanistan, monts Pamir, de l'Himalaya à Ordos (Chine), à l'ouest des Monts Tien Shan, Tibet, Koko Nor (Chine).
Certains auteurs reconnaissent également deux autres sous-espèces au coeur de l'aire de répartition de l'espèce, entre les lacs Balkhach et Baïkal : M. c. quassatrix et M. c. sundzianica, qui assureraient la "transition" entre M. c. citreola et M. c. calcarata, mais d'autres études seraient nécessaires pour mieux comprendre la limite entre ces sous-espèces et ses liens taxonomiques avec la Bergeronnette printanière (Motacilla flava), avec laquelle plusieurs cas d'hybridation ont été notés.
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Aires de répartition des sous-espèces de la Bergeronnette citrine : (A) M. c. citreola, ( M. c. werae, (C) M. c. calcarata, (D) M. c. quassatrix et (E) M. c. sundzianica. Le "?" signale que les limites entre les aires des sous-espèces ne sont pas encore bien connues.
Carte : Ornithomedia.com d'après Peter H. Barthel
Un mâle chanteur dans l'estuaire de la Loire en juin 2014

Un mâle de Bergeronnette citrine est présent depuis le 13 juin 2014 (source : Faune-loire-atlantique.org) dans des prairies humides de la réserve de chasse de l'île de Pierre Rouge, au nord de l'estuaire de la Loire (lire Observer les oiseaux dans l'estuaire de la Loire). Il est cantonné dans un secteur précis, proche d'une tourelle en pierres, chante souvent, y compris lors de vols nuptiaux "en parachute" répétés, rappelant ceux du Pipit farlouse (Anthus pratensis) (écoutez un enregistrement des cris et du chant), et poursuit les mâles de Bergeronnettes printanières qui tentent de s'approcher. Il se pose régulièrement sur les panneaux indiquant la limite de la réserve
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Bergeronnette citrine (Motacilla citreola) mâle de deuxième année, réserve de l'île de Pierre Rouge (Loire-Atlantique), le 22/06/2014 : il est souvent posé sur ce panneau.
Photographie : Yves Massin
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Bergeronnette citrine (Motacilla citreola) mâle de deuxième année chantant, réserve de l'île de Pierre Rouge (Loire-Atlantique), le 22/06/2014.
Photographie : Yves Massin
Sous-espèce et âge de l'oiseau de l'estuaire de la Loire
Deux sous-espèces de la Bergeronnette citrine sont susceptibles d'être observées en Europe, la "nordique" M. c. citreola et la "méridionale" M. c. werae, les deux étendant leur aire en Europe. Les mâles de ces deux sous-espèces se ressemblent étroitement et il existe en outre des variations individuelles, mais plusieurs critères semblent indiquer que l'oiseau présent actuellement dans l'estuaire de la Loire appartiendrait à la sous-espèce nominale :

le manteau gris est assez sombre (plus clair chez werae)
les flancs gris sont bien visibles (généralement jaunes chez werae)
la bordure blanche des grandes couvertures et des rémiges secondaires est assez large (plus étroite chez werae).
En outre, selon Peter H. Barthel, qui a publié en août 1990 un article très complet dans la revue allemande Limicola, toutes les Bergeronnettes citrines vues en Europe (hors Bélarus et Ukraine) appartiendraient à la sous-espèce nominale.
L'oiseau est clairement un mâle, mais a priori pas encore adulte, sûrement de premier été (= de deuxième année calendaire); on peut en effet en particulier noter la teinte brunâtre de plusieurs plumes de l'aile (couvertures et rémiges).
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Les mâles de trois sous-espèces de la Bergeronnette citrine. M. c. citreola se distingue en théorie de M. c. werae par (1) les flancs gris et non pas jaunes, (2) les zones blanches de l'aile plus grandes, (3) le dos gris un peu plus sombre, (4) la zone noire de la nuque plus large.
Schéma : Ornithomedia.com d'après Christopher Schmidt
La progression vers l'Ouest de deux sous-espèces

Cette observation remarquable d'un mâle chanteur de Bergeronnette citrine au mois de juin, dans un habitat favorable, s'inscrit dans le cadre plus vaste de l'expansion des sous-espèces nominale et M. c. werae en Europe et en Turquie. L'espèce est encore très rare en Europe de l'Ouest, mais de plus en plus d'oiseaux sont vus durant les migrations de printemps et d'automne (ceci étant peut-être également lié au développement de l'ornithologie de terrain), et les cas de nidification se multiplient en Europe, de la Finlande au nord à l'Ukraine au sud.
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La progression vers l'Ouest de M. c. citreola et M. c. werae. En rouge, les aires de répartition avant 1960, et en jaune la progression jusqu'à 1990. Points jaunes : quelques cas de nidification en Europe. Flèches noires : les principaux axes de colonisation.
Carte : Ornithomedia.com d'après Marta S´ciborska
La sous-espèce nominale M. c. citreola était autrefois présente uniquement dans la toundra sibérienne, mais elle colonise progressivement des territoires situés plus au sud : elle a atteint Arkhangelsk dans les années 1950 et la péninsule de Kola dans les années 1970, et plusieurs couples (purs ou mixtes avec des Bergeronnettes printanières) ont été trouvés en Europe :

en Finlande : six couples au moins en 2011 contre seulement deux en 2003;
au Bélarus : une petite population est installée dans le nord du pays (lire Voyage ornithologique au Bélarus (Biélorussie) en mai 2009);
en Pologne : l'espèce a commencé à nicher dans le pays dans les années 1990. Quatre couples ont été recensés en 1994, 12 à 13 en 1995, 26 en 1998, et l'expansion se poursuit;
dans les pays baltes (Lettonie, Estonie, Lituanie) : les premiers cas de nidification ont été découverts entre 1987 et 1996, et l'espèce y niche depuis chaque année (par exemple dans la réserve de Teici en Lettonie en juin 2003, dans le polder Aardla en Estonie en juin 2001...);
en Norvège : un couple mixte avec une Bergeronnette printanière s'est reproduit avec succès (trois jeunes) dans le Nordland en juillet 2008;
en Allemagne : un premier cas de nidification a été découvert en 1996 près de Greifswald dans le Mecklembourg-Poméranie-Occidentale puis un second en 1997 dans le Rhénanie-Palatinat;
aux Pays-Bas : un couple mixte avec une Bergeronnette printanière s'est reproduit avec succès (trois jeunes) sur le Flevoland polder en 2011 (lire Observer les oiseaux sur le Flevoland polder et sur l'île de Texel);
en Slovaquie : trois cas ont été reportés, à Tiriec dans le district de Turianske Teplice et dans les bassins piscicoles de Turianský rybník en 1997 et en mai 2006 près du village de Lipnica Wielka, à la frontière polonaise;
en Suisse : l'espèce a niché dans l’Ägeriried (canton de Zoug) en Suisse en 1997;
en Autriche : une femelle avec trois petits ont été trouvés en Carinthie en 1997;
en France : un couple mixte avec une Bergeronnette printanière s'est reproduit avec succès en 2010 dans la réserve naturelle régionale des prairies humides de Courteranges (Aube) (lire Reproduction réussie d'un couple mixte Bergeronnettes citrine x printanière en France).
La sous-espèce M. c. werae est aussi en expansion vers l'Ouest et le Sud-ouest : en 1930, elle a atteint les secteurs de Nijni-Novgorod, de Riazan, de Tambov et de Penza, 300 à 400 km à l'est de Moscou. Elle s'est installée près de la capitale russe dans les années 1950. Elle a atteint la frontière nord-est de l'Ukraine vers 1970 et a commencé à nicher dans ce pays en 1976. Cette sous-espèce a aussi colonisé certains secteurs de l'est de la Turquie et d'Arménie.

Les "atouts" de la Bergeronnette citrine pour coloniser de nouveaux territoires

La Bergeronnette citrine dispose de plusieurs atouts pour coloniser de nouveaux territoires :

elle est capable de nicher dans des habitats très variés (toundra, taïga, buissons le long de torrents d'altitude, marais, tourbières, steppes...) pourvu que de l'eau soit présente à proximité;
c'est un oiseau robuste, d'origine boréale, capable de supporter des températures basses;
du fait de ses origines arctiques, son cycle de reproduction est court et ne dure qu'un mois environ : trois à quatre jours pour la construction du nid, quatre à six pour la ponte, onze à douze pour la couvaison, dix à treize pour le nourrissage des petits dans le nid. A huit jours, les petits sont déjà couverts de duvet;
elle mue rapidement;
en cas d'absence d'un partenaire de la même espèce, elle peut s'accoupler avec la Bergeronnette printanière.
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Bergeronnette citrine (Motacilla citreola) mâle de deuxième année, réserve de l'île de Pierre Rouge (Loire-Atlantique), le 22/06/2014 : il est souvent posé sur ce panneau.
Photographie : Yves Massin
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Bergeronnette citrine (Motacilla citreola) mâle de deuxième année, réserve de l'île de Pierre Rouge (Loire-Atlantique), juin 2014 (cliquez sur la photo pour l'agrandir).
Photographie : Mathieu Nony

[maloute45]

Bonjour Fethi

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"La conquête de l'Ouest" un titre qui accroche bien, surtout que je collectionne les
illustrations sur les amérindiens...

Cet article à déjà été publié le 15 décembre 2014


http://www.apdcanari.com/forum/showt...eferrerid=9494

[fethi d'alger]

c vrai ,bonne mémoire léon

[fethi d'alger]

chant de La Bergeronnette citrine
http://www.vogelwarte.ch/assets/media/voices/5100.mp3

[fethi d'alger]

Bergeronnette grise
Motacilla alba
1.jpg
mâle nuptial (© Marcel Burkhardt)
2.jpg
plumage internuptial (© Mathias Schäf)

Informations
Les noms d'oiseaux ne sont qu'une affaire de mode: autrefois appelée «lavandière» en raison de son attrait pour l'eau, puis «hochequeue» en référence à son tic, on lui a finalement préféré le qualificatif de «bergeronnette». Celui-ci sied bien à une habituée des rivages, bien qu'elle soit très éclectique dans le choix de ses habitats. C'est la deuxième espèce non forestière la plus fréquente derrière le Rougequeue noir, et son penchant pour les habitations rurales en fait une des mieux connues du grand public.

Chant
http://www.vogelwarte.ch/assets/media/voices/5030.mp3
Statut (en CH)
nicheur et migrateur régulier, fréquent; hivernant peu fréquent
Caractéristiques
Effectif en Suisse (couples)

100'000 - 150'000 (2004)
Comportement migrateur

essentiellement migrateur à courte distance
Migrateur diurne/nocturne

Migrateur diurne et nocturne
Taille (cm)

17-19
Envergure (cm)

25-30
Poids (g)

19-27
Site de nidification

bâtiments
Nourriture

insectes, araignées
Groupe

Pipits et Bergeronnettes
Habitat
4.jpg
lacs, cours d'eau, zones humides, zone agricole, agglomérations
Répartition
3.JPG
source :STATION ORNITHOLOGIQUE SUISSE

[fethi d'alger]

Envoyé par fethi d'alger (Voir le message) Bergeronnette grise Motacilla alba Pièce jointe 102293 mâle nuptial (© Marcel Burkhardt) Pièce jointe 102294 plumage internuptial (© Mathias Schäf) Informations Les noms d'oiseaux ne sont qu'une affaire de mode: autrefois appelée «lavandière» en raison de son attrait pour l'eau, puis «hochequeue» en référence à son tic, on lui a finalement préféré le qualificatif de «bergeronnette». Celui-ci sied bien à une habituée des rivages, bien qu'elle soit très éclectique dans le choix de ses habitats. C'est la deuxième espèce non forestière la plus fréquente derrière le Rougequeue noir, et son penchant pour les habitations rurales en fait une des mieux connues du grand public. Chant http://www.vogelwarte.ch/assets/media/voices/5030.mp3 Statut (en CH) nicheur et migrateur régulier, fréquent; hivernant peu fréquent Caractéristiques Effectif en Suisse (couples) 100'000 - 150'000 (2004) Comportement migrateur essentiellement migrateur à courte distance Migrateur diurne/nocturne Migrateur diurne et nocturne Taille (cm) 17-19 Envergure (cm) 25-30 Poids (g) 19-27 Site de nidification bâtiments Nourriture insectes, araignées Groupe Pipits et Bergeronnettes Habitat Pièce jointe 102296 lacs, cours d'eau, zones humides, zone agricole, agglomérations Répartition Pièce jointe 102295 source :STATION ORNITHOLOGIQUE SUISSE

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